À un moment où l’on ne parle pratiquement plus que de
bouffe du matin au soir, de ce qu’on doit manger pour ne pas avoir faim,
ou de ce qu’on doit boire pour ne pas mourir de soif, du prix de l’huile qui
chauffe et de celui des poissons qui flambe, certains veulent en plus nous
rouler dans la farine, dans une tentative qui ne sera sans doute pas vaine de
gagner des places pour se sucrer, encore et encore, sur le dos de tous ceux et
toutes celles dont elles remplissent la tête de promesses vaseuses ou le ventre
de victuailles périssables, ou souvent les deux à la fois.
Bien entendu, ceci n’est pas nouveau, mais j’ai l’impression qu’après avoir
navigué durant des décennies au ras des pâquerettes, la politique et les
politiciens de notre pays sont en train de descendre encore plus bas, et si
cela continue comme cela et à ce rythme, bientôt on ne les verra plus du
tout.
Vous allez me dire qu’ils ne sont déjà pas très visibles, ni très audibles, mais, là, je crois qu’ils risquent carrément de disparaître. Tant mieux, diraient certains. Eh bien non ! Je ne suis pas d’accord. La politique n’est ni un mal nécessaire, ni un bien indispensable, mais l’Homme ne pourrait jamais s’en passer. “L’Homme est naturellement un animal politique”, disait Aristote. De là à en déduire que les hommes et les femmes qui font de la politique ne font qu’obéir à leurs instincts bestiaux, c’est un pas qui me tente, mais que je ne franchirais pas.
Revenons au Maroc et à la politique de nos politiciens.
Comme vous savez, nous sommes à la veille de nouvelles échéances électorales.
D’ailleurs, chez nous, c’est très simple : on se rend compte que nos
politiciens existent encore, et on se souvient d’eux subitement, dès lors
qu’ils commencent à s’échauffer pour les élections. Auparavant, ils sont là,
quelque part, muets comme de carpes, ne voulant ni faire de vagues ni
jouer aux trouble-fêtes. Ils ont gagné les places qu’ils cherchaient, et ils ne
les quittent plus jusqu’au moment où ils se rappellent qu’il va falloir rejouer
pour les regagner. Ou les perdre. Ah oui ! Parce que cela ne marche pas à tous
les coups. Alors, pour mettre le plus de chances de leurs côtés, tous les
moyens sont bons. Et les moyens, généralement, il n’en manque pas. Les
mauvaises langues, dont je suis, sont persuadées que si on n’a pas les moyens,
sonnants sans trébuchants, on n’a que très peu de chances d’arriver à toucher
le moindre Marocain, et par conséquent, aucune possibilité de s’offrir un beau
siège, et encore moins un joli Maroquin.
Je sais que je ne rapporte aucun fait nouveau ni aucune nouvelle info. J’enfonce des portes ouvertes. N’empêche que je suis, encore une fois, profondément irrité, par le comportement de notre classe politique, ou de ce qu’il en reste. Non seulement elle manque de classe, mais, en plus, les coups qu’on se donne, les uns aux autres, sont nuls parce que trop bas et pas trop beaux.
Tenez ! Cette histoire de paniers qu’un certain parti
distribuerait pour gagner des voix, des votants, voire des militants. Chassez
le populisme, il revient par kilos. Je ne sais pas dans quelle mesure cette
histoire est vraie ou fausse – je ne parle pas de la distribution des paniers,
mais des arrières pensées électorales qui la sous-tendent. Par contre, ce que
je sais, c’est que c’est une pratique qui n’est pas nouvelle dans nos contrées,
qu’elle est pratiquée par plus ou moins tout le monde, et que si certains ne
peuvent pas offrir des paniers pleins de trucs à bouffer, ils font pire : ils
distribuent de belles promesses qu’ils savent qu’ils ne pourront jamais tenir,
et qui ne leur coûtent pas un radis. Sans oublier de taper sur les ex-copains
et néanmoins futurs potes, qu’on accusera de tous les maux, et à qui on
reprochera, un peu tout, mais à mi- mots, le temps de voir vers quel sens va
souffler le vent.
Hélas, ces discours semblent toujours trouver preneur. C’est le cynique penseur
de la politique, Nicolas Machiavel, qui a écrit un
jour que “Les hommes sont si aveugles, si entrainés par le besoin du moment,
qu’un trompeur trouve toujours quelqu’un qui se laisse tromper”.
Que faire pour ne plus répéter la même histoire ? Je n’en sais absolument rien. Tout ce que je pourrais dire, et qui avait déjà été dit avant moi par l’immense Einstein : “Un estomac creux n’est pas un bon conseiller politique”. Et durant un mois de jeûne, ce n’est guère mieux.
Cela dit, je suis toujours convaincu que quelles que
soient les méthodes machiavéliques, populistes et démagogiques que nos
politiciens continuent d’utiliser à ce jour, ce n’est pas comme cela qu’ils
vont faire aimer la politique à leurs électeurs, ou bien les convaincre d’aller
voter. Ils risquent de ne le faire ni pour eux. Ni pour les autres.
En attendant que tout cela change un jour, je vous souhaite un très bon
weekend, et vous dis à la semaine prochaine, pour un autre vendredi, tout est
dit.
Mohamed Laroussi: Expert et Enseignant de la Communication stratégique. Il est aussi écrivain et auteurs de plusieurs livres dont « Marx est mort, mon amour« . Co-fondateur de la plateforme Analyz.ma