Au moment où le PIB réel mesure la croissance telle qu’elle est, le PIB potentiel renseigne sur le niveau de croissance qu’une économie pourrait atteindre si toutes ses ressources productives étaient exploitées.

Quel est l’intérêt du PIB potentiel pour notre pays?

C’est un indicateur qui permet aux pouvoirs public de mesurer le seuil maximum que la production Marocaine pourrait atteindre avec un meilleur suivi des fluctuations conjoncturelles et partant de conduire plus efficacement la politique économique à moyen et long terme. Il sied donc mieux à nos décideurs publics de raisonner en termes de taux de croissance potentiel pour fixer le cap, avec des points d’étapes annuels pour apprécier le comportement de notre économie.

Il ne sert absolument à rien de comparer le taux de croissance d’un pays à fort potentiel, comme le Maroc, compte tenu, précisément- ce peut paraître paradoxal- de son retard économique, à des taux de croissance des pays développés ayant épuisé tous leurs ressorts de développement, dont les économies ont atteint leurs limites, en termes de facteurs de production, de technologies et autres délocalisations et redéploiements.

Des pays dont la production réelle dépasse  le niveau de leur production potentielle. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer les taux de croissance économique enregistrés dans les pays émergents qui sont de l’ordre de 5 à 7%, au moment où dans les pays de l’UE, les taux de croissance se tassent, dans la fourchette de 1,5 à 2,5% pa.

Notre pays souffre d’une sous-exploitation de ses ressources, qui représentent autant de marges de croissance pour relancer son économie.

Songez un instant si notre pays  parvenait à normaliser le secteur de l’informel qui génère un PIB « off the records » de 70% du PIB réel.

Songez un instant si nos entreprises du secteur formel s’en tenaient à la transparence financière pour cesser de ne déclarer que 75% de leurs chiffres d’affaires effectifs.

Songez si l’on mettait un terme à l’évasion fiscale.

Songez si notre pays arrivait à mettre en valeur ses terres arables, qui ne sont exploitées qu’à concurrence de 20%.

Songez…….et songez, notre taux de croissance ne serait pas moins de 7 à 8%, qui représente notre taux de PIB potentiel.

Or, jusqu’ici le Maroc peine à faire aujourd’hui des taux de 2 à 3%, d’où la nécessité et l’urgence de revoir notre modèle de développement qui pèche par manque d’inventivité et encore davantage, de pro activité !  

Mostafa MelgouChercheur en économie et Expert du secteur bancaire et financier. Ancien cadre supérieur de plusieurs groupes bancaires dont notamment la BMCI, la Saudi French Bank à Jeddah, Sahara Bank en Libye, et ABNAMRO Bank. Il est co-fondateur de la plateforme ANALYZ.MA