On nous le dit, et on nous le répète quasiment tous les jours : la société marocaine est plurielle, et ce ne serait pas la moindre de ses singularités. J’ai dit “singularités” et pas “spécificité” car je n’aime pas et je n’ai jamais aimé ce terme, ne serait-ce que parce qu’il est très galvaudé et très politiquement correct. De plus, on essaye à travers lui de nous faire admettre, voire de nous convaincre que nous aurions des caractères exceptionnels et des qualités uniques et exclusives, autrement dit, que nous serions les seuls à avoir et à pouvoir s’en vanter sur cette terre.
Entre nous, je ne suis pas contre cette idée de “pluralité”, et je pourrais même l’accepter et la reprendre à mon compte. Après tout, qui dit “pluriel”, dit “plusieurs”. C’est-à-dire que nous ne sommes pas un peuple à composition homogène, à origine unique, garanti sans mélange et sans rajout de quelque source que ce soit. Il est possible qu’il existe une population quelque part sur cette planète, ou sur d’autres, qui serait peut-être tombée du ciel, ou d’ailleurs, et qui, depuis son atterrissage, n’a jamais croisé quelqu’un d’autre, et donc, ne s’est jamais mélangée à personne.
Nous, les Marocains de souche ou de couche, aucun d’entre nous, à mon avis, ne peut se targuer ni d’être unique, ni d’être de “pure race”, si race pure existe quelque part. Si je me suis permis cet assez long délire démo-socio-ethno-polittico-antropologique, alors je ne possède pas une once de ces immenses sciences humaines, c’est juste pour essayer d’introduire une réflexion, très personnelle d’ailleurs, sur l’attitude de nous autres les Marocains – et lorsque je parle des Marocains, j’embrasse aussi les Marocaines – face à ce qui se passe dans d’autres contrées que la nôtre, sans parler forcément de celle qui est juste là, tout contre nous, ce qui ne serait pas très facile, sachant que ce que je pourrais en dire ne plairait pas forcément à tout le monde.
Je vais me limiter à deux pays et à deux peuples, lesquels sans être tout à fait proches de nous, le sont quand même à des degrés divers et pour des raisons diverses. Il s’agit, vous l’aviez déjà deviné, de la France et des Francais, et des USA et des Américains.
Notre histoire avec la France a toujours été emprunte de hauts et de bas, souvent liés à des périodes de gauches et de droites. En revanche, avec l’Amérique, du Nord s’entend, c’est presque l’idylle permanente. Ne nous répète-t-on pas tout le temps que le Maroc a été le premier pays à avoir reconnu l’indépendance des États Unis d’Amérique, même si certains esprits chagrins, ou mieux informés, prétendent que ce ne serait pas le Maroc qui serait le premier pays, mais que ce serait … la France – encore elle ! – qui l‘aurait fait, en 1778, et que le Maroc ne serait que le 8ème, ce qui n’est pas mal non plus, étant donné certains de nos mauvais classements par ailleurs.
En tout cas, ce qui est sûr, c’est que, jusqu’à présent, entre les Américains et nous, ça a toujours baigné, peut-être parce que nous sommes séparés par des milliers de kilomètres d’océan. Alors qu’avec nos amis Français, ce n’est pas le grand amour, c’est le moins qu’on puisse dire. Il est vrai que les dernières déclarations très controversées et très discutables du Président Macron-La-Gaffe ne donnent pas très envie de lui faire de gros câlins, je trouve néanmoins que les Marocains en font un peu trop, en voulant notamment lui faire endosser, et à travers lui, à tous les Françaises et à tous les Français, tous les malheurs actuels et futurs des musulmanes et des musulmans.
Quant à nos amis et alliés Américains, je pense qu’ils sont loin de deviner l’affection, l’admiration et l’estime que nous avons envers eux, surtout depuis qu’ils votent avec nous, à l’ONU et ailleurs. D’abord, je crois que la plupart d’entre eux ne savent même pas si on existe, et le peu qui le savent, ignorent à quoi et à qui on ressemble, ni, encore moins, dans quel continent on vit.
Selon notre concitoyen Gad El Maleh, et bien d’autres, certains d’entre eux nous confondraient même avec les Monégasques, alors que la comparaison Morocco et Monaco, ne rime absolument à rien. Toujours est-il, en ces moments très bouleversés et très incertains que vivent nos Friends Américains, beaucoup d’entre nous suivent comme ils peuvent, le déroulement de cette bataille qui nous passionne et nous dépasse en même temps.
Je ne sais pas qui des deux candidats, Trump ou Biden, actuellement en lice, est le préféré des Marocains, mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’ils n’attendent qu’une seule chose du futur gagnant, c’est qu’il continue de voter en notre faveur, et, surtout, de faciliter le visa pour les USA.
En attendant de connaitre les résultats, je vous souhaite un très bon weekend, et vous dis, à la semaine prochaine, pour un autre vendredi, tout est dit.
Mohamed Laroussi: Expert et Enseignant de la Communication stratégique. Il est aussi écrivain et auteurs de plusieurs livres dont « Marx est mort, mon amour« . Co-fondateur de la plateforme Analyz.ma