D’origine latine- gubernare- c’est à dire tenir un gouvernail, le concept  de gouvernance «Al Hok’m Ar’rasheed» a été forgé au départ pour qualifier comment un Etat exerce son pouvoir et gère ses ressources. Il a été par la suite  étendu à la gestion des entreprises.

La gouvernance d’entreprise renvoie à un dispositif organisationnel régissant les instances de décision, l’information financière et la surveillance des risques, dans l’objectif ultime de protéger les intérêts des ayants droit. De plus, la gouvernance rétablit, si elle ne consolide pas, la confiance aussi bien des investisseurs que celle des bailleurs de fonds dans l’accompagnement de l’entreprise en termes de financement et de croissance. 

S’acquitter de ses impôts est avant tout un devoir civique, une responsabilité sociale avant d’être une obligation légale.

Je me limite dans cette chronique à l’un et non des moindres des principes fondamentaux de la gouvernance d’entreprise, à savoir la transparence financière. D’autant que les subterfuges, voire les fraudes comptables sont devenus monnaie courante de nos jours.

Le contexte marocain étant ce qu’il est, nous n’allons pas pécher par excès d’optimisme pour en appeler à l’implémentation de la fonction Risk Management ou de l’approche ABM (Activity-Based Management) dans l’entreprise Marocaine ou encore à décréter des lois sur la sécurité financière, comme c’est le cas en Europe ou aux USA, imposant des obligations de transparence et d’exactitude des comptes. Notre ambition est modeste pour notre pays.

Il s’agit seulement de définir et rendre obligatoires des minima de la gouvernance tels que le set minimum d’états financiers ou la qualité acceptable de la documentation comptable – set chétif et documentation de mauvais aloi en général, notamment pour nos PME/PMI non structurées, qui représentent 80% de notre tissu industriel. Force est de constater que, dans notre pays, la transparence financière de nos entreprises aussi bien privées que publiques demeure l’exception qui confirme la règle, l’opacité.

Ses effets pervers ne sont plus à prouver.

Ils ont pour nom évasion fiscale et son corollaire le manque à gagner pour l’Etat. Ils ont pour nom l’aggravation du risque de crédit, pris sur la base d’informations financières à la fiabilité incertaine ou douteuse, avec pour corollaire une détérioration des actifs des banques. 

Et c’est justement cette opacité qui pénalise le Maroc en termes d’atouts compétitifs et discriminants, pour qu’il puisse se hisser parmi les meilleures offres environnementales de «business opportunities».

L’entreprise Marocaine a donc tout à gagner en s’employant à l’exercice de la transparence, car celle-ci reste le meilleur antidote de l’incertitude ; elle rétablit la confiance entre opérateurs  économiques et facilite l’accès aux financements bancaires y compris en temps de crise.

Le mot de la fin :

Le Maroc ne peut aboutir à la gouvernance politique sans qu’il n’ait au préalable entamé et réussi sa gouvernance économique qui passe nécessairement par l’épreuve de la transparence financière.

Mostafa MelgouChercheur en économie et Expert du secteur bancaire et financier. Ancien cadre supérieur de plusieurs groupes bancaires dont notamment la BMCI, la Saudi French Bank à Jeddah, Sahara Bank en Libye, et ABNAMRO Bank. Il est co-fondateur de la plateforme ANALYZ.MA