Les politiciens ont fini par devenir un véritable fardeau dont la lourdeur tire tout un pays vers le bas. Pas un seul marocain ne dira le contraire!
Mais peut-on se passer des politiciens ? Momentanément, oui, il le faut. Le pays traverse une crise certes sanitaire, mais surtout économique et sociale dont les premières répercussions sont particulièrement lourdes. Plus d’un million de licenciements. De grands contrats tombent à coup de force majeure. Plusieurs secteurs d’activité sont complètement sclérosés. Les familles résistent pour maintenir le même niveau de scolarité pour leurs enfants. Peu de marocains, moins de 12%, sont en mesure de mettre un peu d’argent de côté.
Aussi, pas de surprise, l’indicateur de confiance chez les marocains a sensiblement chuté depuis le début la pandémie !
Malgré cela, les politiques ne s’inquiètent pas. They don’t even care. Ils semblent avoir d’autres chats à fouetter en ce moment. Des priorités plus « concrètes » qui les concernent à titre personnel, en l’occurrence le seuil électoral et la retraite des parlementaires. En deux mots : le strapontin et la rente !
Tous les partis politiques, sans exception aucune, renoncent à leur fonction naturelle, celle de disposer d’une vision sociétale sur la base de laquelle ils pourraient mobiliser l’opinion publique. Or, c’est quoi l’intérêt d’avoir des partis politiques qui ne portent aucun projet de société, ne créent aucune dynamique positive et n’essaient même pas de challenger les stratégies conçues par l’Etat?!
Pour dire vrai, cela les arrange bien de penser que l’Etat recrute tellement de bons profils que ses stratégies sont forcément les meilleures. Ce qui n’est pas faux, en tout cas. Seulement, l’efficacité des politiques publiques ne peut se vérifier qu’à travers la multitude des choix que l’on peut avoir. Le risque majeur quand il n’y a pas de choix, c’est qu’il presque impossible d’identifier, au bon moment, les défaillances d’un modèle. Et c’est souvent plusieurs années plus tard (parfois trop tard) que l’on fait le constat de son échec.
Disons les choses clairement. Si l’on compte sur les partis politiques dans leur configuration actuelle pour devenir des parties prenantes dans la relance économique et le maintien de la paix sociale, on devra attendre très longtemps. Le malheur, c’est qu’ils coûtent cher au budget de l’Etat.
On me dira qu’il n’y a pas de démocratie sans partis politiques. Je suis d’accord mais que faire face à des partis qui se font dispenser de faire leur job? Et puis, de quelle démocratie parle-t-on? La démocratie des nonchalants, des bras cassés, des losers, des renonciateurs, on peut vivre sans. Celle des urnes, nous l’avons essayée mais voilà, nous nous retrouvons avec trop de guignols au gouvernement et trop d’abrutis au parlement.
J’ai appris, à mes grands dépens, que les urnes ne sont pas autre chose qu’un ascenseur social pour des gens qui font tout sauf de la politique. des ministres qui font du télétravail dans un contexte extrêmement sensible où le gouvernement est censé rassurer les marocains par un véritable engagement de terrain accompagné d’une communication intelligente.
Que faire?
Au grands maux, les grands remèdes. Un gouvernement réduit au stricte minimum, la taille d’une cellule de crise, composé de personnalités libres et de bonnes moeurs, désignées en dehors de la carte politique actuelle et responsables uniquement devant le Roi. Serait-il nécessaire de procéder à un amendement de la constitution ? Peut-être, mais si c’est inévitable, il faut le faire…
Il est important à mon humble avis, d’ouvrir une parenthèse de cinq. Une durée pendant laquelle le focus portera essentiellement sur l’économie, le social, la santé et l’enseignement tout en s’affranchissant des contraintes politico-institutionnelles. Des mesures exceptionnelles à prendre en urgence, à commencer par remercier l’actuel chef du gouvernement qui ne rate jamais l’occasion de passer à côté de la plaque!
Par Jaouad Benaissi, Co-fondateur de la plateforme Analyz.ma