Par Abdessamad MOUHIEDDINE, Anthropologue et Ecrivain-journaliste

Certains semblent parfois considérer mon engagement dans la défense -bec et ongles – de l’image et des intérêts supérieurs du Maroc, ma patrie d’extraction, comme un retournement de veste. Que nenni ! Pour paraphraser De Gaulle, je le dis modestement : « « Croit-on qu’à plus de soixante-dix ans, je vais commencer une carrière de flagorneur (3ayyache) ? ». Je m’explique.

Je considère, en effet, que les atteintes à la dignité du citoyen, quelles que soient leurs coutures, sont aussi périlleuses pour le Royaume que celles qui visent sa souveraineté pleine et entière. Aussi, les combats pour la souveraineté et l’intégrité territoriale ne se gagneront véritablement qu’à la faveur de la consolidation socioéconomique et éthique du front intérieur.

 Parce que je me refuse au manichéisme et au nihilisme et que, modestie toujours en alerte, je m’emploie à complexifier ma pensée, j’inscris l’éthique de ma démarche intellectuelle dans deux axes à mes yeux essentiels :

1) Le combat inlassable pour le respect de la dignité et des droits humains au sein de ce Maroc qui se cherche entre son lourd héritage du passé et ses aspirations à la modernité. A l’aune de cette confrontation parfois violente entre les démons du passé et les envoûtantes pulsions de la modernité, tout sentiment patriotique sain et intelligible passe par le combat pour la dignité, la justice sociale, la justice tout court, la bonne gouvernance, l’armement des consciences au moyen des savoirs et de la formation, c’est-à-dire la construction d’une citoyenneté libre et responsable. A ce niveau-là, aucune concession ne doit être faite aux forces rétrogrades, aux brigades de l’obscurantisme, aux mafias diverses et variées, aux pourvoyeurs et chasseurs de rentes, au capital vassalisant et humiliant;

2) Parallèlement à ce combat majeur pour la dignité et les droits humains fondamentaux, politiques, sociaux, économiques, culturels…il est un combat qui me semble tout aussi noble et mérite d’être mené avec autant de vigueur et de conviction. Je veux parler de la défense de mon pays d’origine contre les appétits impérialistes, les visées hégémoniques et les attaques néocoloniales, toutes velléités qui refusent au Maroc son droit inaliénable à l’émergence, au développement, au rayonnement et à la souveraineté pleine et entière sur l’ensemble de son territoire. Ce patriotisme-là, je l’ai depuis longtemps débarrassé de tout soupçon de chauvinisme et même de nationalisme étriqué. Je précise ici que mon engagement pour une monarchie véritablement constitutionnelle, authentiquement sociale et véritablement populaire n’a rien à envier à mon attachement aux valeurs républicaines de la France, mon pays d’adoption que je n’ai jamais hésité à défendre contre les forces de l’obscurité, de l’islamo-radicalisme, du racisme et du populisme aveugle.

Loin d’être antinomiques, ces deux axes sont, sous ma plume et dans mon esprit, en parfaite synergie, jumeaux même, et foncièrement complémentaires.

En d’autres termes, la grandeur et la respectabilité diplomatique, géostratégique, tout comme l’inviolabilité territoriale du Maroc passe par l’instauration et la consolidation de la dignité du citoyen, au moyen d’une justice sociale alerte, d’un enseignement performant, d’un respect sourcilleux des droits humains fondamentaux et d’une démocratie efficiente.

En un mot comme en dix, la dignité de la nation passe d’abord par celle du citoyen libre et responsable !

Voilà pourquoi je ne renie rien de mon combat inlassable pour la dignité et l’épanouissement du peuple marocain et contre toutes les atteintes à cette dignité, qu’elles viennent de l’intérieur ou de l’extérieur du Royaume ! Point barre.