Cette semaine, j’ai décidé de faire une petite pause, dans le sens qu’au lieu de critiquer et de râler, comme je le fais d’habitude, je vais faire des louanges, aduler et encenser, oh non, pas tout le monde, mais une personne vraiment exceptionnelle, un être peut-être unique, un homme qui sème l’espoir pour récolter le bonheur et nous le distribuer par tonnes.
J’ai nommé
Sir Walid Regragui, sous vos applaudissements.
De qui voudriez-vous que je parle cette semaine si ce n’est de lui, et bien
sûr, à travers lui, toute son équipe de battants, de combattants devrais-je
dire, tous ces joueurs qui ne se contentent pas seulement de bien jouer pour
nous offrir du beau spectacle, mais qui font tout pour gagner. Ils gagnent non
pas pour eux, mais pour nous, pour notre pays. Ils se battent pour nous, pour
leur pays, un pays qu’ils aiment par-dessus tout, même si la plupart d’entre
eux vivent loin de lui. Mais ils n’ont pas besoin de vivre dans leur pays pour
l’aimer, parce que leur pays, ils le portent d’abord dans leur cœur.
Je dois rappeler par honnêteté que ceci n’est pas nouveau car, de tout temps,
tous nos sportifs et toutes nos sportives , toutes disciplines confondues, se
sont toujours battu(e)s, avec les moyens qu’on a pu mettre à leur disposition,
pour défendre les couleurs de notre pays, renforçant ainsi sa notoriété et son
image à travers le monde.
Cependant, cette fois-ci, il y a de grandes nouveautés.
La première c’est que jamais une équipe nationale marocaine de football n’a
atteint un tel niveau dans une compétition qui est, rappelons-le, le plus grand
et le plus prestigieux tournoi de foot du monde.
La seconde, c’est que celui qui a réussi à hisser cette formation à ce niveau si élevé et si honorable, l’a fait d’une manière si originale, si factuelle et, osons le mot, si « spirituelle », qu’il est en train de nous donner une des plus belles leçons de pédagogie et de philosophie que nous ayons connues. Oui, je reconnais que je suis exalté, enthousiasmé, heureux et que je vis, comme tous mes concitoyens et mes concitoyennes, une frénésie sans précédent, mais je ne crois pas que j’exagère
Si
j’affirme que Sir Walid Regragui Le Grand a littéralement écrabouillé toutes
nos certitudes obsolètes et tous nos préjugés éculés de peuple fataliste,
pessimiste et défaitiste. Mieux encore : il nous a mis sur une nouvelle
orbite, une nouvelle trajectoire, avec une destination dont nous rêvions depuis
toujours, mais sans faire vraiment grand-chose pour l’atteindre : la lune.
Bien entendu, nous n’y sommes pas encore tout à fait, mais aujourd’hui, grâce à
lui, nous y croyons très fort et je pense qu’il n’y a pratiquement plus
personne au Maroc qui croit que ce n’est pas possible.
Napoléon disait : « Impossible n’est pas français ». Sir Walid
Regragui Le Grand pourrait rétorquer sans rougir : « le Marocain est
inouï ». Oui, c’est un jeu de mots un peu facile, mais je l’assume. Inouï
comme « annya ». Je dois vous avouer que j’ai toujours trouvé ce mot
si incroyablement beau que j’aurais aimé qu’on l’écrive sur le fronton de
toutes nos écoles et toutes nos universités. Dans notre culture, cette notion
de « annya » a toujours existé. On ne cesse de nous ressasser ce
presque slogan populaire : « Annya ablaghou mina al 3amal »,
qu’on pourrait traduire plus ou moins par « l’intention est plus forte que
l’action ». Or, pour Sir Walid Regragui Le Grand, « annya »
n’est qu’un catalyseur, car les éléments actifs qui peuvent réellement donner les
bons résultats, ce sont la compétence, le travail, la préparation, le sérieux,
la discipline, la concentration, la persévérance, l’endurance, l’honnêteté,
l’esprit d’équipe, le sens de la performance, la force de se battre, l’envie de
gagner etc. etc. etc. « Annya », c’est un peu comme la foi. Avoir la
foi, c’est nécessaire, c’est indispensable, mais ce n’est jamais suffisant.
Pour mériter le paradis ou espérer l’atteindre, il faut faire beaucoup de bien,
le bien qui est bien pour soi et bien pour les autres, tout le bien qui peut
aider à mieux vivre, à être heureux et à rendre heureux les siens, mais aussi
tous les autres.
Sir Walid Regragui Le Grand n’a cessé de nous le répéter depuis le début : « C’est une bataille que nous devons gagner pour notre pays, pour notre peuple et pour notre drapeau national ». Lui le footballeur professionnel et l’entraineur sensationnel est allé même jusqu’à utiliser une formule qu’on entend plutôt dans les discours politiques : « l’union nationale ». Mais je suis sûr que dans sa bouche, elle n’a pas un sens démagogique et manipulateur, mais sincère et mobilisateur. Parce que Sir Walid Regragui Le Grand, lui, n’aspire pas à gagner des élections ou avoir un siège au Parlement ou un portefeuille au gouvernement. Lui, il dit qu’il est investi d’une mission et qu’il n’a qu’un seul objectif : gagner. Il veut gagner pour nous montrer que lorsqu’on veut gagner, on le peut, mais à condition de se donner les moyens, d’y croire à fond, et de foncer, foncer, foncer … jusqu’à la victoire.
Et les résultats sont là : nous avons gagné une
première fois, une deuxième et une troisième ; et à chaque fois, c’est
tout un peuple, que dis-je ? tout un monde qui est aux anges, qui est sur un
nuage.
Maintenant que va-t-il se passer demain ? Je ne sais pas parce que je ne
suis pas devin. Mais quel que soit le résultat de ce samedi contre l’équipe du
Portugal, je pense que grâce à ce grand bonhomme et à sa magnifique équipe,
nous avons déjà gagné de grandes leçons de vie.
Ces gens-là nous ont appris en même temps à ne plus avoir de complexes, à avoir
confiance en nous, à avoir la foi, religieuse ou pas, qu’importe, à croire à
notre bonne étoile, à viser toujours plus haut, à ne jamais s’arrêter, à se
battre pour son propre bonheur et pour celui des autres, mais aussi et surtout
à continuer de faire toujours preuve d’humilité. Parce qu’il y aura
toujours d’autres batailles à
mener, et donc d’autres batailles à
gagner.
Pour moi, la plus grande leçon que nous a donnée Sir Walid Regragui Le Grand et
sa merveilleuse équipe est celle-ci : nous ne sommes pas forcément mieux
que les autres, mais si nous le voulons, si nous en avons vraiment envie, nous
pouvons être au moins aussi bons que les autres.
Je souhaite à notre équipe un très bon match, et pourquoi pas, une belle
victoire, et à vous un très bon weekend, et je vous dis à la semaine prochaine
pour un autre vendredi, tout est dit.